Le Quick de Roubaix est le seul établissement d’une chaîne de restauration rapide de la ville. Crédits photo : AFP
Depuis novembre, la chaîne de restauration rapide Quick a remplacé le bacon par de la dinde fumée dans huit de ses établissements. A Roubaix, le maire PS réagit face à une offre qu’il juge «discriminatoire». Le Front national parle lui de «diktat».
Depuis le 30 novembre dernier, impossible de déguster un Strong Bacon au Quick de Roubaix. Et pour cause : dans la commune du Nord-Pas-de-Calais comme dans sept autres villes françaises, la chaîne de restauration rapide a décidé d’interdire à titre expérimental le bacon. En le remplaçant, dans tous ses sandwichs, par de la dinde fumée.
A la base, le fast food voulait proposer un choix à ses clients entre un menu classique et un sa version halal. Mais la direction de Quick France explique avoir voulu «se concentrer sur une seule chose à la fois», peut-on lire dans La Voix du Nord. Résultat : la viande de porc a été rayée de la carte.
Pendant deux mois, la mesure a bénéficié d’un écho assez limité, Quick communiquant très peu sur cette expérimentation. Mais à l’approche des élections régionales, cette mesure prend un tour très politique. Premier à monter au créneau, René Vandierendonck, le maire de Roubaix et vice-président sortant du conseil régional. Il évoquait samedi dans La Voix du Nord une mesure «discriminatoire». «Quick est la seule enseigne nationale de fast food à Roubaix. Ce n’est pas normal qu’un seul produit halal soit mis à la disposition des consommateurs», explique-t-il mercredi au figaro.fr. «Je dis oui à la diversité, et non à l’exclusivité». Le maire, qui assure être en négociation avec la direction régionale de Quick, se dit «prêt à saisir la Haute autorité de lutte contre les discriminations (Halde)», si la chaîne tarde à revenir sur sa position.
Visées électoralistes
Dimanche, Marine Le Pen est elle aussi venue alimenter la polémique en dénonçant un «diktat » sur Canal+. La vice-présidente du Front nationale, tête de liste aux régionales dans le Nord-Pas-de-Calais, estime «que chacun soit à sa place. Il faut que les musulmans expriment leur désir de vivre leur foi personnelle dans la sphère privée, sans empiéter dans la sphère publique.»
A un mois du premier tour des régionales, le menu unique de Quick se retrouve donc au cœur de la campagne dans le Nord-Pas-de-Calais. René Vandierendonck se défend de faire le jeu du Front National. «Contrairement au FN, je ne réfute pas à Quick le droit d’avoir une offre halal, surtout à Roubaix, où la population musulmane est importante. Je présume qu’on peut obtenir à l’amiable un retour à la diversité.» Le maire de Roubaix réfute aussi de toute visée électoraliste. «Je connais bien la question de la diversité. J’ai siégé dès 2001 au Haut conseil à l’intégration et j’ai participé à un rapport sur l’islam en France». René Vandierendonck se contente selon lui de «relayer auprès de Quick ce que tous les consommateurs de Roubaix pensent».
Mais pour Marine Le Pen, le maire de Roubaix est conscient de l’intérêt électoral d’une telle affaire. «Il ne s’est jamais prononcé sur la question. Et là, il fait une grande annonce qui d’ailleurs ne tient pas juridiquement. C’est grotesque !», tempête la tête de liste FN, interrogée par lefigaro.fr. La vice-présidente du parti frontiste va plus loin en assurant que «le PS et l’UMP, qui cautionnent la soumission de la population à la loi islamique, craignent le FN. Ils ne comprendront le message que par le vote». Réponse le 14 mars, lors du premier tour des régionales.
Source : lefigaro.fr Par Jim Jarrassé
Discussion about this post