Plats cuisinés à la viande de cheval
William Saurin aime le bourrin
Alors que plusieurs marques et enseignes ont retiré de la vente certains de leurs produits, les soupçonnant de contenir de la viande de cheval, Que Choisir révèle que la fraude porte aussi sur plusieurs conserves toutes étiquetées « pur bœuf ». Un fournisseur est particulièrement visé : William Saurin.
À croire que la viande de cheval s’est invitée clandestinement dans une majorité de plats préparés pourtant estampillés « pur bœuf ». Dès le scandale des lasagnes connu, Que Choisir a voulu vérifier l’allégation « pur bœuf » dans d’autres préparations culinaires. Nombre de produits surgelés ayant été progressivement retirés de la vente par les enseignes, nos analyses ont principalement porté sur des conserves, toutes étiquetées « pur bœuf » (raviolis, cannellonis, hachis Parmentier et sauces bolognaises). Au total, 55 produits ont été soumis à des analyses d’ADN, sans nous limiter à la viande de cheval, mais en élargissant nos recherches à celle de porc, poulet, dinde, mouton et chèvre. Une sélection de marques de distributeurs (Auchan, Carrefour, Casino, Cora, Intermarché, Leader Price, Leclerc, Monoprix et U), de marques nationales (Barilla, Panzani, William Saurin, Zapetti) et quelques plats surgelés encore disponibles en rayons (Findus, Maggi) ont ainsi été analysés. Au final, sur 55 produits analysés, 38 sont bien « pur bœuf », 11 ne présentent aucune détection du fait de la dégradation de l’ADN par la stérilisation du produit ou d’une quantité de viande trop pauvre en ADN dans la préparation riche en tissus graisseux, mais 6 révèlent la présence de viande de cheval à des concentrations plus ou moins élevées. Sont concernés : les cannellonis Auchan (60 à 100 % de viande de cheval), les cannellonis Casino (30 à 60 %), les cannellonis Winny/Cora (5 à 30 %), les cannellonis Panzani (5 à 30 %), les raviolis Carrefour (traces de viande de cheval) et les raviolis Turini-Marque Repère/Leclerc (traces). Toutes ces préparations sortent de la même usine William Saurin, située à Pouilly-sur-Serre (02), qui travaille aussi bien pour des marques de distributeurs que pour Panzani.
D’autres circuits que Spanghero
Outre la société Spanghero, plusieurs autres circuits frauduleux dans le scandale des plats cuisinés estampillés « pur bœuf » mais contenant de la viande de cheval ont été identifiés dans le cadre du plan d’action gouvernemental mis en place par le ministère de la Consommation. Les sociétés Covi et Gel Alpes (fournisseur de William Saurin) sont passées, comme Spanghero, par le trader en viande néerlandais Jan Fasen, un des dirigeants de la société Draap, condamné l’an dernier aux Pays-Bas pour avoir commercialisé sous l’intitulé « pur bœuf hallal » de la viande de cheval. L’autre entreprise, Nestlé Davigel, avait recours à une filière allemande à travers la société Schypke. L’enquête se poursuit pour savoir si ces entreprises ont été abusées par ces intermédiaires ou si elles ont fraudé en toute connaissance de cause.
En marge de la réunion plénière du Parlement européen qui s’est tenue le 12 mars 2013 à Strasbourg, le ministre de la Consommation, Benoît Hamon, a rappelé que la France exigeait que l’étiquetage de l’origine des viandes dans les plats préparés soit obligatoire en Europe, ce que réclame depuis longtemps l’UFC-Que Choisir.
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